Le voyage à tout prix (ou presque)

Un des préjugés les plus tenaces à propos du voyage est que voyager coûte cher. Je dis « préjugés » parce que le coût d’un voyage peut varier énormément en fonction de différents facteurs, comme la destination, la durée, mais surtout, le style de voyage (organisé, tout-inclus, « sac-à-dos », humanitaire, etc.). Il existe toutes sortes de façons de voyager pour presque rien, par exemples, en utilisant des plateformes comme Couchsurfing qui permet d’être hébergé gratuitement chez l’habitant ou encore Workaway, qui propose de faire du travail bénévole en étant logé et nourri sur place. Les adeptes de travel hacking peuvent, quant à eux, échanger leurs points contre des vols ou des nuitées gratuites. Pour les plus longs séjours, il est également possible de travailler à l’étranger, ce qui permet de financer les coûts reliés directement au voyage. Personnellement, je n’ai encore essayé aucune de ces options, mais beaucoup de voyageurs le font.

Maintenant qu’on a établi que voyager ne coûte pas nécessairement cher, il est vrai que le voyage est un luxe, dans la mesure où ça passe après les besoins primaires. On s’entend là-dessus. Cela dit, beaucoup des gens qui pensent subvenir uniquement à leurs obligations et qui ne croient pas avoir les moyens de voyager oublient parfois qu’il y a plusieurs petits luxes cachés à l’intérieur de leur mode de vie. Ici, il est important de différencier le besoin réel du moyen utilisé pour y répondre. Par exemples: manger, se loger et se vêtir sont essentiels. Par contre, aller au restaurant n’est pas indispensable à la survie, posséder une grande maison répond à beaucoup plus que le besoin d’être à l’abri des intempéries et renouveler sa garde-robe à chaque saison pour suivre les dernières tendances est loin d’être une nécessité à son intégrité physiologique.

Dans cette perspective, on comprend que beaucoup de dépenses du quotidien ne sont pas plus obligatoires que le voyage. En réalité, une fois que le premier étage de la pyramide de Maslow est comblé (c’est-à-dire tout ce dont on a obligatoirement besoin pour vivre), la façon dont on dispose du surplus demeure une question de choix et de priorités. Ma vie personnelle déborde d’exemples concrets, dans plusieurs postes budgétaires différents.

Habitation: Depuis que nous avons emménagés en appartement, il y a huit ans, mon mari et moi avons eu pas moins de treize colocataires. Nous n’avons rien inventé, partager à plusieurs le loyer d’un plus grand logement est plus avantageux que d’occuper un 3½ à deux et d’assumer seuls toutes les charges inhérentes (électricité, internet, etc.). Non, la vie de colocs n’est pas toujours un charme, mais c’est un sacrifice que nous acceptons de faire pour pouvoir voyager beaucoup.

Transport: Après avoir utilisé le transport en commun pendant une bonne partie de notre vie adulte, nous sommes devenus propriétaire, il y a maintenant quatre ans, d’une Smart Fortwo usagée (bien que ma clé d’auto affiche le prestigieux logo de Mercedes). En plus d’être très économique, notre petite voiture deux places nous transporte partout où nous voulons aller et contribue également à notre désir de voyager en nous permettant des road trips au Québec ou ailleurs. Pour beaucoup de gens, ce choix de véhicule est risible. Pourtant, il comble parfaitement nos besoins. Alors pourquoi payer plus cher quand je peux plutôt mettre cet argent dans la colonne « voyage » (mon poste favori) de mon budget?

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Télécommunications: Dans toute ma vie de millénaire nord-américaine, je n’ai jamais acheté de téléphone cellulaire. Je possède actuellement un vieil iPhone qui m’a été donné gratuitement à l’état usagé et pour lequel je ne paye aucun abonnement ou frais de services de télécommunication. C’est donc un téléphone qui ne peut ni appeler, ni envoyer ou recevoir de texto (contrairement à ce qu’on pourrait croire, texter ne se qualifie pas comme un besoin vital). À quoi me sert-il alors ce téléphone? À capter du wifi gratuit un peu partout (ici et en voyage), à prendre des notes, à gérer mon agenda, à prendre des photos, etc. Bref, pas mal tout ce que vous faites avec votre cellulaire quand vous n’êtes pas en train de parler au téléphone ou de texter. Voilà donc un petit luxe que la majorité des gens considère comme une dépense nécessaire et dont je choisi de me passer, dans le but de réduire au maximum mes paiements mensuels et ainsi me permettre de voyager plus.

La même logique s’applique dans toutes les sphères de ma vie quotidienne et je conserve ce mode de vie économique à l’étranger. J’économise sur le prix du billet d’avion en voyageant léger avec des transporteurs Ultra Low Cost ou alors en choisissant un itinéraire avec escale (lire mon plaidoyer ici). Sur place, je réduis mes coûts d’hébergement en logeant en hostel au lieu de chambres d’hôtel couteuses, je marche ou je prends le transport en commun au lieu de louer une voiture ou prendre des taxis et je cuisine ou alors j’opte pour de la bouffe de rue au lieu de me payer des repas au restaurant à tous les jours. Côté activités, je priorise des musées abordables et des free walking tours (témoigner de mon amour pour cette activité ici) au lieu de visites dispendieuses.

Tout cela permet de réduire le coût monétaire d’un voyage. Mais il y a un autre prix à payer pour voyager beaucoup, un « coûlattéral ». Ce prix, afférent au fait d’être souvent à l’étranger, n’a pas de valeur en dollars (ni en euros, livres, ou tout autre devises d’ailleurs). Comme on ne peut être à deux endroits à la fois, être en voyage, ça veut aussi dire ne pas être à la maison. Il y a certains moments où ça fait plus mal que d’autres. J’ai manqué tellement de choses parce que j’étais en voyage à un moment ou un autre de ma vie, comme la fête d’un an de ma nièce en 2017 alors que j’étais au Portugal ou ma propre fête deux années de suite, pour mes quatorze et quinze ans, lors de voyages scolaires au secondaire où j’étais, respectivement, à New York et en Équateur. Et comme plus on part longtemps, plus on risque de manquer des évènements, dans mon seul séjour en Italie en 2012-2013, j’ai manqué, coup sur coup, les funérailles de ma grand-mère paternelle, le trentième anniversaire de mon frère et le temps des fêtes au complet.

Personnellement, aucun montant d’argent ne sera considéré comme « gaspillé » en voyages, parce que c’est ce que j’aime le plus au monde. Je priorise les expériences et les souvenirs aux biens matériels. La seule chose qui pourrait me fait reconsidérer un départ futur, c’est l’idée de manquer quelque chose d’important pendant mon absence.

Aujourd’hui même, une amie chère à mes yeux (jeu de mot) célèbre un anniversaire très significatif. Elle se reconnaîtra. Cette même amie se mariera l’an prochain et peu importe la date, je ne manquerai ça pour rien au monde! Ce blog lui est dédié.

2 commentaires sur “Le voyage à tout prix (ou presque)

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  1. Très sages conseils Daphné. Nous nous inventons souvent de faux besoins. Ta grande amie doit être touchée que tu écrives que tu ne manquerais à aucun prix son mariage.

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