Avancer sans hésitation; un séjour dans le Nord-du-Québec

Aujourd’hui, je vous partage une histoire d’échange culturel à l’intérieur même de notre province. Ça parle d’apprentissages, de découverte de soi et de l’autre, par le biais de l’art. Cette histoire n’est pas la mienne, c’est plutôt celle d’Emmanuel, mon beau-frère et ami. Manu est un artiste visuel et il a récemment passé six semaines à donner des ateliers de création dans une école secondaire de Waskaganish, un village cri situé près de la Baie-James. Par cette entrevue, j’ai voulu en apprendre plus sur l’expérience de voyage peu commune qu’il a vécu là-bas et ce qu’il en retiendra. Voici ce qu’il avait à dire à propos de son séjour nordique.

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Cette région du Québec est normalement peu accessible au tourisme, qu’est-ce qui t’as amené à la visiter?

J’ai répondu à l’appel de dossiers du programme Mikw Chiyâm (ce qui veut dire Avance sans hésitation, en Cri). Ce programme existe maintenant depuis trois ans et offre l’opportunité à des artistes de faire une résidence de six semaines dans les écoles secondaires de quatre communautés Cri; Waskaganish, Mistissini, Nemaska et Chisasibi. Les artistes qui veulent soumettre leur candidature doivent préparer un plan de cours et des ateliers qu’ils donneraient à l’école afin de partager leur démarche artistique aux élèves, tout en travaillant sur un projet personnel.

Avion Creebec
Je me suis rendu dans la communauté en avion avec airCreebec. C’est un vol de trois heures avec une escale à Val d’Or.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué à ton arrivée au sein de cette communauté?

Le paysage est très différent. Il n’y a que très peu d’arbres et ils sont très petits. C’est blanc partout aussi. Tellement calme. Et le rythme de vie est beaucoup plus lent qu’ici.

Stop Arrêt Waskaganish
La langue principale est le Cri, ensuite il y a l’anglais et le français est la troisième langue.

À quoi ressemblait ton quotidien pendant ton séjour là-bas?

Je me levais vers 7:30, ce qui me laissait amplement de temps pour ma routine du matin: exercices, méditation et déjeuner, avant de marcher pour me rendre à l’école pour 10:00. L’horaire des cours suivait un cycle de six jours, pendant lequel j’avais trois périodes avec des élèves de secondaire 4, trois périodes avec ceux de secondaire 5 et une période avec les deux groupes ensemble. J’avais aussi une période avec les jeunes de secondaire 1, une avec ceux de secondaire 2 et une autre avec un petit groupe d’enfants du primaire. Le reste du temps je travaillais sur mes projets de création, en dessin et en peinture. Je quittais l’école habituellement vers 18:00. Les soirs et fins de semaines, je travaillais sur mes projets ou bien je passais du temps avec certains profs.

École secondaire Waskaganish.
L’école secondaire Wiinibekuu, où je donnais mes ateliers de création.

Comment était le contact avec les jeunes de l’école secondaire où tu donnais tes ateliers?

Je n’ai pas trouvé ça évident au début, et j’avoue que j’étais assez nerveux. Je dirais que pendant la première semaine, j’étais surtout en mode adaptation. Quand j’ai commencé à établir certains repères, c’est devenu beaucoup plus facile de connecter avec les élèves. J’ai découvert des gens très sensibles et généreux, avec un excellent sens de l’humour.

Éleves au travail Waskaganish
Pendant l’activité de création avec les élèves du secondaire.
Élève Waskaganish
Clint avec son projet final. Les élèves devaient créer une œuvre en techniques mixtes, inspirée d’une citation qu’ils aimaient.

Qu’est-ce que ce voyage t’a apporté professionnellement et personnellement?

Comme artiste, j’y ai trouvé beaucoup d’inspiration. C’était une occasion unique de me dédier à mon art. J’ai beaucoup appris des élèves, ce qui m’a donné envie de poursuivre à donner des ateliers dans les écoles. Personnellement, j’ai pris du temps pour moi, ce qui m’a fait beaucoup de bien.

Tu as expérimenté l’hiver dans le Nord-du-Québec, est-ce aussi pire qu’on l’imagine?

J’y ai passé la fin de l’hiver et le début du printemps… et il y avait encore beaucoup de neige lorsque j’ai quitté. Coté température, je crois que j’ai été plutôt choyé. La plupart du temps ce n’était pas si froid, mais nous avons quand même eu jusqu’à -25 et -30 degrés Celsius. La communauté de Waskaganish est située sur le bord de la Baie James, et les vents peuvent être assez forts et faire baisser la température rapidement.

Waskaganish
Une rue à Waskaganish.

As-tu découvert des spécialités culinaires locales?

J’ai eu la chance de manger du caribou, de l’orignal et des côtes de castor. J’ai bien aimé!

Que retiens-tu de cette expérience?

J’ai adoré mon expérience. Je me considère très chanceux d’avoir pu visiter ce coin de la province.

Le mot de la fin?

Je viens de terminer mon application pour participer de nouveau au programme Mikw Chiyâm l’an prochain. Cela me permettrait de visiter une autre communauté Cri. J’ai bien hâte de voir si mon dossier sera accepté!

Waskaganish, coucher de soleil
Le coucher de soleil vu de ma fenêtre.

P.S. Pour voir les œuvres d’Emmanuel, vous pouvez consulter son site web et le suivre sur sa page facebook.

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