Il y a un an, j’étais sur le point de m’envoler vers une destination-mystère, qui s’est avérée être la Jamaïque. Le tout avait été orchestré secrètement par mon mari qui m’a révélé le pays en question qu’une fois à l’aéroport. Je ne vous ai pas beaucoup parlé de la Jamaïque jusqu’à maintenant. En toute honnêteté, j’avoue que ça n’a pas été mon voyage préféré, pour plusieurs raisons.
Il faut dire que je n’apprécie pas la chaleur et comme vous pouvez vous en douter, la Jamaïque, c’est plutôt chaud. Déjà, ça partait mal. Aussi, j’ai trouvé que les locaux qui offrent des services ou vendent des produits (parfois illicites) se montrent particulièrement insistants, plus qu’ailleurs. Comme on dit, ils lâchent difficilement le morceau (le morceau étant nous). Enfin, c’est une destination beaucoup visitée en formule tout-inclus, mais qui n’est malheureusement pas très bien desservie en termes d’accommodations pour backpackers. Voyager « sac-à-dos » en Jamaïque, c’est possible, mais c’est un peu comme ramer à contre-courant du tourisme de masse. Par exemple, le réseau de transport jamaïcain est plutôt limité, notamment en raison de montagnes au centre du pays qu’il faut contourner. Ce qui rend les déplacements beaucoup plus longs, car pour aller du nord au sud, il faut faire le tour de l’île.
Au final, notre semaine a été une espèce d’hybride entre la vie de resort et le voyage d’aventure. Nous avions loué une chambre dans un hôtel à Negril, ville située à l’ouest de la Jamaïque, très populaire pour sa seven-mile beach. Comme nous ne sommes pas du genre à nous échouer sur la plage pendant sept jours, nous avons rapidement eu l’envie de partir découvrir le reste de l’île. Nous nous sommes donc servis de notre chambre comme pied-à-terre et avons fait deux escapades de quelques jours. L’une dans la ville coloniale de Falmouth où nous avons pu admirer le phénomène de bioluminescence (présence de micro-organismes phosphorescents dans l’eau qui brillent dans le noir) à Glystering Waters et l’autre à Treasure Beach pour son ambiance décontractée (encore plus que le reste du pays).


Mais revenons à Negril. C’est là que s’est passé ma petite mésaventure dont il est question dans le titre de ce présent article. Par une belle et (trop) chaude matinée, nous avions décidé de se rendre à West End Cliffs (la partie ouest de la ville), caractérisée par d’impressionnantes falaises donnant sur la mer des Caraïbes. Nous avons donc prit le service de navette offert par notre hôtel vers un établissement-sœur et de là, après m’être largement enduite de crème solaire, nous avons entamé la marche de trente minutes pour rejoindre le célèbre Rick’s Café. Ce restaurant est une institution dans la région. Pas nécessairement pour la cuisine je dois dire, mais pour l’emplacement qui offre une magnifique vue et pour l’ambiance reggae.
En marchand vers notre destination, j’ai commencé à souffrir de la chaleur sans trop comprendre ce qui m’arrivait. J’ai dû m’arrêter à quelques reprises, dans les rares endroits ombragés. C’était un circuit en bord de route sans trottoir aménagé, peu invitant à la marche.
Tout à coup, un homme à vélo nous a abordé en demandant si on se rendait au Rick’s Café. Après avoir répondu par la positive, il nous a appris que le restaurant était fermé car ils ouvraient seulement à midi. Comme ça tombait bien, il avait lui-même un stand à smoothie situé tout juste devant le resto. Cherchant désespérément à me rafraichir, le smoothie m’a semblé une bonne idée alors nous l’avons suivi.
Il nous a menés à une table à l’ombre d’un arbre dans ce qui ressemblait à une cour privée. Quelques minutes plus tard, il nous apporté un smoothie et une bouteille d’eau. Je commençais à être étourdie alors je me suis empressé de boire pour me réhydrater et faire baisser ma température, mais ça tournait de plus en plus. J’ai voulu retourner à l’hôtel, mais j’avais de la difficulté à marcher. Mon mari a demandé au monsieur d’appeler un taxi et alors que j’allais visiblement très mal, l’homme répondit qu’il allait plutôt appeler un de ses amis qui avait une voiture…
Puis, une dame est sortie de chez elle, juste derrière nous. Si je pouvais mettre un effet sonore à cet article, j’ajouterais un son de harpe céleste ici, parce qu’elle m’a été d’une grande aide. Mon mari et moi étions démunis, c’était la première fois que je réagissais ainsi à la chaleur et nous ne savions pas quoi faire.
La dame a parlé à son voisin en patois (dialecte anglais local) et semblait le critiquer vivement. Je n’ai pas compris ce qu’elle disait, mais ça devait être quelque chose comme « fait de l’air monsieur » car l’homme est parti et nous ne l’avons pas revu. Elle nous a fait signe de venir devant son ventilateur. Avec toute la misère du monde, mon mari m’a aidé à franchir les quelques mètres qui séparaient notre table à piquenique de son portique. Je me suis assise sur une chaise devant le ventilateur et elle m’a apporté un thé au gingembre. Elle m’a dit que ça lui arrivait souvent: « Trust me, you gonna be all right ».
Après quelques minutes, j’ai commencé effectivement à me sentir mieux et nous avons pu quitter son porche, en la couvrant de remerciements. Avec tout ça, le Rick’s Café avait eu le temps d’ouvrir ses portes alors nous avons pu accomplir ce que nous étions venus faire initialement: admirer la mer en écoutant du Bob Marley, sur la terrasse du restaurant.

Le reste de la semaine a été plutôt mollo; un coup de chaleur par voyage, c’était suffisant!
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