Maintenant qu’on a établi qu’il est sécuritaire de visiter la Jordanie (lire mon article J’ai visité la Jordanie « en sac-à-dos » en 2017 et oui, c’était sécuritaire.), je vous partage ce qu’on peut y faire. La Jordanie n’est pas un grand pays, mais elle regorge d’endroits magnifiques à voir, d’activités à faire et d’expériences uniques à vivre. Comme beaucoup de monde, j’y suis allée pour Petra et j’ai découvert tellement plus! Voici donc un compte-rendu de mon voyage de 2 semaines en Jordanie, étape par étape.
Visiter Amman, la capitale de la Jordanie
Souvent réduite à un simple passage obligé vers Petra, Amman est une ville à la fois ancienne et moderne qui mérite un arrêt de plus de quelques heures. Nous avons débuté notre survol de la ville avec l’immanquable citadelle d’Amman, trônant au sommet de la plus haute colline de la ville, avant de poursuivre avec une visite du théâtre romain. Fun fact sur ce théâtre: il a été construit au 2e siècle et est utilisé encore de nos jours lors de certains évènements culturels. Après avoir traversé les multiples souks de la ville, nous sommes partis à la recherche d’un souper le long de la Rainbow Street, fameuse pour ses nombreux cafés, restaurants et boutiques. Petit conseil, si vous y aller de jour, vous risquez d’être déçus, car la majorité des commerces sont fermés. C’est le soir qu’elle s’anime à la hauteur de sa réputation. Si vous aimez les musées, le Jordan Museum est à mettre sur votre liste pour en apprendre davantage sur la riche histoire de la région, tandis que le Royal Automobile Museum plaira assurément aux amateurs de voitures. Puis, laissez-vous guider par le chant du muezzin jusqu’à l’une ou l’autre des sublimes mosquées d’Amman, les plus célèbres étant Abu Darwish et celle du roi Adballah I (ou alors, demandez à un chauffeur de taxi de vous y amener). Enfin, pour un aperçu de la Amman ultra-moderne, rendez-vous sur le boulevard Abdali avec ses gratte-ciels éblouissants, ses centres d’achats et son immense #LOVEJO propice aux séances photos improvisées.


Marcher sur les traces de l’empereur Hadrien à Jerash
Située à environ une heure au nord d’Amman, la ville de Jerash dispose de ruines romaines parmi les mieux préservées de l’empire. Nous nous y sommes rendus en autobus depuis la gare du Nord (Tabarbour) pour un prix dérisoire (notez cependant qu’il faut être patient, car le bus quitte la gare uniquement lorsqu’il est plein). En arrivant à Jerash, nous avons dû traverser de nombreux vendeurs de souvenirs plutôt entreprenants pour atteindre la billetterie, après quoi, ils sont moins nombreux et plus discrets. Dès notre entrée sur le site, nous sommes accueillis de façon grandiose par l’imposant Arche d’Hadrien. Un peu plus loin, les innombrables colonnes du forum nous invitent à poursuivre notre visite le long de la rue romaine jusqu’au théâtre sud. En chemin, nous nous sommes arrêtés prendre le thé au temple d’Artémis, question de se désaltérer après avoir gravi ses nombreuses marches. Décidément, celle qu’on appelle « La Pompei d’Asie » a de quoi impressionner. On peut facilement passer la journée entière à s’y promener. Sachez toutefois que l’ombre s’y fait rare et comme le ciel jordanien ne connait pas les nuages, la chaleur peut devenir accablante si vous visitez entre mai et octobre.

Découvrir les lieux saints du Mont Nebo et Bethany-beyond-the-Jordan
Toujours à partir de la Capitale, nous avons combiné dans une même journée les visites du Mont Nebo et de Bethany-beyond-the-Jordan (Béthanie-au-delà-du-Jourdain). Ce sont deux endroits très populaires auprès des touristes religieux, puisqu’ils sont mentionnés dans la Bible. Le Mont Nébo, est reconnu comme l’endroit d’où Moïse a aperçu la terre promise (ici, je réfère non pas à une chanson d’Éric Lapointe, mais bien à Israël). Du haut de cette montagne, on peut effectivement voir Bethléem et Jérusalem au loin, ainsi que Jéricho plus proche, qui est considérée comme la plus vieille ville continuellement habitée au monde. Le hasard a voulu que notre chauffeur de taxi ce jour-là soit palestinien. Il était fier de nous dire que c’était son pays de l’autre côté et parlait de la Palestine d’un ton doux-amer. Il nous a raconté son parcours d’exilé et comment c’était ironique d’être si proche de chez lui, sans pouvoir y retourner.

Deuxième arrêt: Bethany-beyond-the-Jordan, réputé être l’endroit où Jean a baptisé Jésus. La visite se fait obligatoirement en tour guidé puisque c’est situé dans une zone militarisée à la frontière avec Israël. On nous conduit d’abord au site même du baptême, où, j’ai été étonnée de voir qu’il n’y a plus d’eau aujourd’hui, la rivière ayant naturellement bougé depuis. Ensuite, le guide nous amène jusqu’à l’actuel lieu du Jourdain, frontière naturelle entre la Jordanie et Israël. Seulement quelques mètres les séparent, pourtant, la différence est frappante: de notre côté, quelques curieux sous un modeste abri de bois, alors que du côté israélien, une quantité de gens agglomérés autour d’un imposant bâtiment. Plusieurs, vêtues de robes blanches, sont venus de loin pour se baigner dans les eaux saintes (et brunes) du Jourdain.

Flotter dans la mer Morte
Accessible autant par la Jordanie que par Israël, la mer Morte est un incontournable de la région. Il est possible d’y faire une excursion d’un jour depuis Amman. C’est un endroit unique au monde, pour plusieurs raisons. Son taux de salinité autour de 27%, fait en sorte qu’il est impossible d’y couler pour un humain et d’y vivre pour un poisson (d’où son nom de mer « Morte »). Aussi, vous serez peut-être surpris d’apprendre que cette « mer » est en réalité un lac. J’imagine que « lac mort », c’était moins marketing comme nom. Il s’agit également de l’endroit le plus bas sur Terre, vous pouvez d’ailleurs y visiter le Lowest point on Earth Museum. La mer Morte est réputée pour ses traitements à base de boue, que vous pouvez vous procurer dans un de ses nombreux spas, si votre budget vous le permet. Sinon, faites comme moi et enduisez-vous de boue directement sur la plage. Mais la principale raison de notre visite à la mer Morte, c’est évidemment pour vivre l’expérience de flotter sur l’eau (et, accessoirement, se prendre en photo en train d’y lire un livre). Mais si j’étais vous, je ne tarderai pas trop, car la mer Morte réduit considérablement d’année en année.


Contempler les châteaux des Croisades
Après une semaine de day-trips depuis Amman, nous avons quitté la région de la Capitale pour nous diriger vers le sud du pays. En chemin vers Petra, nous nous sommes arrêtés à deux reprises pour admirer les châteaux Karak et Shobak, ainsi que la vue qu’ils offrent sur la région. Tous deux datent de l’époque des Croisades. Un petit saut dans le temps, en compagnie de mon historien personnel (alias mon mari).
Parcourir Petra et son Siq
Votée parmi les 7 nouvelles merveilles du monde par les internautes en 2007, théâtre des aventures d’Indiana Jones et la dernière croisade, Petra se passe de présentations. Mes attentes étaient élevées envers ce site répertorié au Patrimoine mondial de l’Unesco. Heureuse de vous dire que je n’ai pas été déçue une seconde! Ce que j’ignorais, c’est que la façade gravée à même le roc, appelée le trésor ou Al-Khazneh, est seulement la porte d’entrée de Petra. Le site est en fait une ancienne ville construite il y a plus de 2000 ans par la civilisation Nabatéenne. On y accède par un étroit canyon appelé le Siq. En suivant ce corridor aux murs hauts de plusieurs mètres on peut observer différentes sculptures à droite et à gauche, comme pour nous divertir en attendant la pièce de résistance. Je ne pourrais penser à un meilleur environnement pour nous conduire jusqu’au trésor. En fait, le Siq est, quant à moi, un attrait à part entière. J’ai adoré marcher le long de ses zigzags rocheux, en m’arrêtant de temps à autres pour l’admirer sous différents angles, à la recherche de la parfaite photo mi ombre, mi soleil.

Puis, quand le sol sous nos pieds est devenu du sable, le Siq tira sa révérence pour céder sa place au trésor. Elle était là devant nous, LA raison de notre visite en Jordanie. C’est l’image que j’avais en tête en achetant mon billet d’avion, en faisant mon bagage, en attendant l’embarquement à l’aéroport… J’étais tellement heureuse d’avoir fait tout ce chemin pour arriver jusque-là. Après avoir passé un bon moment en pamoison devant cette porte, nous sommes partis à la découverte du « reste » de Petra. La première journée, nous avons monté les 800 marches menant au monastère, qui est aussi impressionnant qu’Al-Khazneh, sinon plus! Le lendemain, nous avons fait la randonnée des tombes royales qui se termine dans une petite cabane qui surplombe le trésor. Ça a terminé en beauté notre visite de Petra. En quittant vers d’autres aventures jordaniennes, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il serait difficile de m’impressionner après ça… Et pourtant!



Explorer le Wadi Rum
J’ai rapidement réalisé que mon séjour dans le désert jordanien rivaliserait fortement avec Petra dans mes coups de cœur du voyage. Il faut croire qu’il fallait une autre merveille, naturelle cette fois-ci, pour y arriver. Incapable de trancher, ils figurent tous les deux ex-aequo au numéro un de mon palmarès! Voici pourquoi. D’abord, nous avons passé la journée à sillonner le désert dans un vieux pick-up rafistolé avec notre guide bédouin, en s’arrêtant ici et là pour dévaler une dune de sable, traverser un pont de roche ou découvrir un lègue du légendaire Lawrence d’Arabie. J’y ai vu des paysages extraordinaires, tellement singuliers qu’on se serait crus sur une autre planète (le Wadi Rum a d’ailleurs joué le rôle de mars dans plusieurs films dont The Martian). Puis, nous sommes arrivés au campement à temps pour voir le coucher de soleil et manger un traditionnel zerb (BBQ cuit sous la terre). Après avoir passé la soirée à jaser avec les quelques autres voyageurs de notre camp autour d’un feu en buvant du thé, nous sommes tous allés dormir dans nos tentes en laine. Évidemment, qui dit « boire du thé toute la soirée », dit aussi « se réveiller pour aller aux toilettes ». Quand je suis sortie de ma tente en pleine nuit, la lune était tellement brillante qu’il faisait presque clair. Avant de retourner me coucher, je suis restée dehors quelques instants pour « écouter » ce silence désertique. J’avais l’impression d’avoir ce désert à moi toute seule. Le lendemain matin, nous avons terminé notre escapade mémorable dans le Wadi Rum avec une randonnée en dromadaire.



Faire du snorkeling dans la mer Rouge
Aqaba est située dans le sud du pays, sur le bord de la mer Rouge. Ça a été notre dernier arrêt avant de remonter à Amman et elle a mis fin à notre voyage de belle façon. Loin d’être uniquement une station balnéaire, la ville a une grande importance historique (notamment en raison de son rôle dans la révolte arabe de 1916-1918 contre l’Armée ottomane). Nous y avons visité le fort d’Aqaba et les vestiges de la vieille ville (Ayla) avant me mettre le cap vers le golfe d’Aqaba, mondialement reconnu pour ses coraux. C’est l’endroit idéal pour pratiquer des sports nautiques, plus particulièrement la plongée sous-marine et en apnée. Mon mari et moi en avons profité pour faire un peu de snorkeling pour la première fois. C’était très impressionnant de voir la quantité de coraux et des poissons à quelques mètres à peine de la plage. J’ai tellement aimé l’expérience que je pense que j’aurais pu rester là à les observer toute la journée, si je ne m’étais pas coupé le pied sur une vilaine roche… C’est à ce moment-là que j’ai compris pourquoi elle s’appelle la mer « Rouge »! Cette blessure, en plus de mettre fin à ma séance de snorkeling, a fait place à une interaction aussi cocasse qu’improbable avec une touriste russe, qui, à défaut de pouvoir m’exprimer son empathie en anglais, m’a offert une mangue et une bouteille d’eau. Bin coudonc, Spasiba!

Autres options
Cet itinéraire couvre presque tous les incontournables de la Jordanie. Mais si vous en voulez encore plus, voici d’autres attraits (que je n’ai pas personnellement visités) qui pourraient facilement s’intégrer à un trajet entre Amman et Aqaba. D’abord, les châteaux du désert (qasr), ces impressionnantes fortifications datant du 7e et 8e siècle, sont nombreux dans le nord-est de la Jordanie. Il est possible d’en visiter quelques-uns à proximité d’Amman. Ensuite, la ville de Madaba, au sud de la Capitale, est célèbre pour ses mosaïques de l’époque byzantine. Vous pouvez entre autres y voir la légendaire carte de la Terre Sainte à l’église Saint-Georges. Enfin, pour les amoureux de plein air, deux réserves naturelles s’imposent. Mujib, dans la région de la mer Morte, est réputée offrir les plus belles randonnées de Jordanie avec ses canyons remplis de rivières, si vous êtes prêts à vous mouiller! Dana est, quant à elle, la plus grande réserve du pays et réunit des espèces animales d’Asie, d’Afrique et d’Europe dans des panoramas parfois montagneux, parfois désertiques. Ces deux réserves se trouvant sur notre chemin vers Petra, nous nous sommes arrêtés quelques instants à des points de vue pour en admirer les paysages, mais vous pouvez aisément y passer quelques jours pour en profiter pleinement. Cependant, je vous mets au défi de marcher « dans la vallée de Dana », sans y fredonner une certaine chanson de Manau… Vous m’en donnerez des nouvelles!
Votre commentaire